“Outgrowth” (2005)

Ce travail – aussi – veut être une oeuvre d’art universel. Il veut être universel parce qu’il part d’un constat universel, il veut être universel parce qu’il donne une forme de moi, une forme personnelle, une forme que moi seul je vois. Le constat est un constat qui concerne chacun, qui peut concerner chacun, qui doit concerner chacun. Pour moi, il s’agit du problème, comment je peux prendre position, donner forme à cette position qui traverse les particularismes politiques, éthiques et esthétiques. Il s’agit de créer une vérité au-delà de l’histoire et en ce sens, il s’agit de l’universalité. Ce travail s’appelle “Outgrowth” parce qu’il y en a trop. Il y a un trop, un trop de problèmes. Il y a trop de guerres, il y a trop de violences, il y a trop d’injustices, trop de victimes de violences absurdes, trop de racismes, il y a trop d’inégalités sociales, il y a trop de feu, il y a trop de sang, il y a trop de maisons détruites, il y a trop de haine, il y trop de morts, morts d’une mort violente, trop de morts, morts pour rien, il y a trop de désespoir, il y a trop de ressentiment, il y a trop d’oppressions économiques, sociales, religieuses, culturelles et il y a trop de désirs de vengeance, il y trop de ruines. Le problème c’est le trop. Le problème ce n’est pas le manque, le problème ce n’est pas le pas assez, le problème c’est ce trop et comment donner forme à ce trop. Je veux donner forme, je veux affirmer une forme à travers “Outgrowth”. “Outgrowth” est une excroissance, un développement, un développement qui a dégénéré, qui est incontrôlable. J’ai voulu donner une forme, une forme puissante et évidente, j’ai voulu faire trop – moi aussi – travailler dans l’excès et être précis en même temps, travailler dans la précipitation et sans  tête, avec des éléments que tout le monde connaît : des étagères, des globes, des formes qui sortent des globes, des excroissances – en ruban adhésif marron le plus utilisé – qui prolifèrent de chacun de ces mondes de trop. Ces excroissances grandissent, envahissent et gagnent du terrain de façon irrésistible et irréversible et les imprimés témoignent en image de ces destructions faites par l’humain lui-même. “Outgrowth” est un travail simple qui cherche à établir un dialogue immédiat ou une confrontation directe avec le spectateur.

Il y quatre autres oeuvres du même motif que le travail “Outgrowth” : un “Outgrowth intégré” dans les expositions “Anschool” et “Anschool II”, un “Camo-Outgrowth intégré” dans l’exposition “Utopia, Utopia = One World, One War, One Army, One Dress”, un “Camo-Outgrowth (Winter)” et un “Camo-Outgrowth (Summer)”.

Thomas Hirschhorn

9 novembre 2005.