11 Raisons pourquoi ce n’est pas un problème pour moi de confronter des critiques négatives sur mon travail (2014)
1. Parce qu’un de mes principes est de ne jamais me plaindre, de ne jamais m’expliquer.
2. Parce que la critique n’importe pas si j’ai conscience que le vrai et unique problème – qui est mon problème – est: comment faire une œuvre d’art qui définisse, aujourd’hui, un nouveau Terme d’Art ?
3. Parce que je sais qu’il y a des erreurs et des manques dans mon travail, de façon pré-conditionnelle. La question pour moi n’est pas de faire un travail sans erreurs ou sans manques, mais de faire un travail où les erreurs et les manques ne sont pas importants. Je veux faire un travail qui va au delà de ses erreurs et de ses manques.
4. Parce qu’il n’y a pas beaucoup de positions artistiques en dehors de la mienne, qui soient différentes, structurellement différentes, et qui – donc – exigent un effort de compréhension toujours renouvelé.
5. Parce que je sais exactement ce que je fais, je sais exactement quelle est ma position et je sais exactement où me situer.
6. Parce que je sais: si je fais de manière absolue ce qui m’est nécessaire de faire, si je fais entièrement ce que je sais, si je suis complètement libre avec ce qui m’est propre à moi – alors je fais mon travail d’art avec justesse et loyauté.
7. Parce que je dois toujours être prêt à payer le prix – en premier – pour le travail que je fais.
8. Parce que, depuis que j’ai commencé à l’exposer, mon travail a toujours du affronter la critique – souvent plus que d’autres œuvres d’artistes et sans vraiment que ce soit justifié. J’ai compris avec le temps qu’il y a un système de critique souvent sans rapport à mon travail et ma position. Ce système peut parfois sembler trop stupide ou trop cruel. On peut – donc – soit abandonner la confrontation, ou on peut décider: je vais résister car ce n’est qu’un système. Je vais résister car il y a quelque chose de plus important pour moi: Mon travail, ma position.
9. Parce que j’ai toujours à l’esprit les mots d’Andy Warhol: “Don’t cry – work” ou les mots de Jean Cocteau: “Ce qu’on te reproche, renforce-le!”.
10. Parce que cela veut dire que mon travail peut créer ce que j’appelle un “Corps Critique”.
11. Parce que je suis heureux de faire mon travail, de le faire en tant qu’affirmation: l’affirmation d’une forme qui veut atteindre un public non-exclusif au delà de toute argumentation.
Thomas Hirschhorn, 2014