«Break-Through» (2013)

«Break-Through» est le titre de cet ensemble de travaux de sculpture. C’est une nouvelle forme de sculpture, composée de plusieurs segments en enfilade dans l’espace de la galerie. Cette nouvelle forme de sculpture est accrochée au plafond, elle vient d’en haut, elle tombe d’en haut. Le sol et le mur restent immaculés, car trop parfaits pour s’y accrocher, une percée n’est pas possible. Le seul endroit qui reste disponible est le plafond. C’est ainsi que «Break-Through» a trouvé sa place. Le plafond n’est pas seulement le seul endroit libre – il est aussi l’endroit d’où la force de gravité peut s’exercer avec la plus grande évidence. C’est le sens de gravité qui fait que cela tombe d’en haut. Et c’est d’en haut qu’une percée reste possible vers le bas. La percée c’est l’évidence du plafond qui a lâché et qui s’est effondré. L’effondrement survient par une force d’en haut, à cause d’une force extérieure, d’une force qui ne s’arrête pas. Cela peut être une fuite d’eau, un débordement. Le plafond s’est effondré, il est tombé et avec lui tout ce qui s’y cachait, au dessus de ma tête – l’inavoué et le chaos caché. Il révèle tout ce que je ne voyais pas. Et brutalement, par force de gravité, tout se déverse, tout est déployé et offert au regard. Les mécanismes du fonctionnement invisible sont révélés et deviennent visible. Et à moi de voir dans ce chaos, d’être attentif et d’être éveillé. Rendre visible l’invisible – grâce à la loi physique – c’est ce que montre et ce que peut «Break-Through». C’est une sculpture «critique», un «corps critique». Cette percée, qui vient d’en haut, ne peut pas être évitée, elle est irrésistible. Cette sculpture, cette percée, ce «corps critique» va me tomber sur la tête je ne peux pas me sauver de sa logique nouvelle, de sa logique implacable. La force majeure est sans pitié et me force à regarder. Je dois lever la tête vers le haut, je dois ouvrir – grand – les yeux et confronter ce que je ne veux pas voir. C’est la logique, c’est la forme et c’est la mission de cette sculpture.

T. H. 2013