“RE” (Compte-rendu) – (2006)

Chère Yvane,

Cher Bruno Racine,

Cher Alfred,

Cher Malik,

lundi, 30. 10. 2006 – je suis de retour dans mon atelier à aubervilliers, et voici ci-joints quelques phrases sur ma participation à la biennale de séville (dont vous êtes partenaire) en trois parties (montage, “RE”, vernissage):

montage :

– j’ai rarement du lutter comme à séville pour monter mon travail. j’ai eu des doutes tout au long de la durée du montage – tant les conditions de montage étaient difficiles, à la limite de l’irrespect pour les travaux exposés: lieu d’exposition avec pigeons, pluie sur mon travail à cause de plusieurs trous dans la toiture, sol en “terre battue”, inexistence logistique et incohérence de l’organisation de la biennale. je suis un guerrier, j’ai l’habitude de me battre à tous les niveaux pour mon projet artistique, mais à séville j’ai dû m’encourager à tous les moments – pendant les 9 jours du montage. j’ai dû m’encourager d’avoir pris la bonne décision – de monter “RE” malgré toutes les promesses non-tenues concernant la préparation de mon espace d’exposition. j’ai donc dû travailler dans un chaos permanent pour finir le montage à temps. le seul fait de savoir qu’une délégation de la cité albinet venait voir “RE” pour l’ouverture m’a donné la force nécessaire à accomplir à temps mon travail.

“RE”

finalement terminé à temps, mon travail “RE” se tient – il se tient même bien ! il est dense et chargé, il fait sens, en forme de croix, divisé dans les quatre thématiques ‘l’autre’, ‘utopie’, ‘autonomie de l’art’ et ‘précarité’ – comme prévu – qui donnent une structure claire et en même temps un lien souterrain à “RE” qui s’affirme au-délà de son architecture. “RE” est une proposition souveraine car l’architecture de “RE” ne se bat pas contre, mais avec l’architecture très présente, très belle du bâtiment (ancien arsenal) – qui est rayonnant si le bâtiment est vide, et qui est très difficile pour exposer des oeuvres d’art. cette bataille entre les ouvrages (l’éxistant et le mien) ajoute de la complexité à “RE”. en même temps “RE” s’affirme encore davantage pour exister. je pense que véritablement “RE” va au-delà d’une documentation et ce travail peut ambitionner de prolonger l’expérience “Musée Précaire Albinet”. deux choses qui – pour moi – je sais heureuses – au moins – dans “RE” :

1. les quatre vidéos “statements de malik kouidrat” – éducateur de rue dans le quartier du landy à aubervilliers, du service hygiène et santé de la ville d’aubervilliers. ces quatre statements de malik sur ‘utopie’, ‘précarité’, ‘autonomie’ et ‘l’autre’ donnent, comme seule “parole” du travail “RE” (seules ces quatre videos étaient sonores), une intensité, une justesse et une urgence très fortes. les statements de malik sont non-reconciliés et non-résignés, servis par la présence plastique dans l’image d’un malik kouidrat résolument non-complaisant.

2. les 24 video-rushs sur dvd, produits par “artfilms” an total environ 50 heures de film – qui, montrés sans coupures (cela me semble une évidence) en boucle et sans le son, donnent forme à l’idee infinie, aux rencontres hasardeuses, aux micro-évenements et en même temps au “précaire” de “Musée Précaire Albinet”.

vernissage

j’ai été très content de pouvoir accueilir – comme j’avais initialement prévu dans mon projet – le groupe des “huit ambassadeurs” de la cité albinet composé par malik, pour faire le voyage à séville, participer au vernissage et pour ensuite rendre compte dans la cité du projet “RE”. les trois heures de vernissage étaient le moment fort et réjouissant (c’était mon “highlight” !) de tout mon séjour à seville. je pense – jugeant d’après les premières réactions – que “RE” a été très favorablement accueilli lors du vernissage. le groupe des habitants à pu constater l’intérêt, la curiosité et les questions qu’ont provoqué “RE”. je pense que celui est grand et réel, je pense que le travail possède le l’énergie, je pense que le travail “RE” crée les conditions pour que le visiteur puisse établir un dialogue avec lui. le groupe du landy à pu constater que beaucoup de visiteurs s’impliquent dans l’expérience “Musée Précaire Albinet”. je me rejouis que malik ait été félicité plusieurs fois pour ses statements et je me réjouis que les habitants aient pu constater l’intérêt qu’ont manifesté des visiteurs mais aussi d’autres artistes participant à la bienniale pour “RE”. j’ai aimé les commentaires sur les centaines de photos exposées, qui parfois se répétaient – de nouveau – une centaine de fois. la présence au vernissage d’yvane chapuis en tant que co-producteur de “RE” à été très appréciée de la part des ambassadeurs.

voici – en quelques mots – un compte-rendu de “RE” – merci, merci beaucoup pour votre soutien !

very best,

Thomas Hirschhorn

Aubervilliers, le 30 octobre 2006